Issu d’une des dernières familles de cavaliers fauconniers d’Algérie, Hassen Bouchakour est tout à la fois un gymnaste, un contorsionniste et un spécialiste de haute voltige. À ce titre, il présente ses spectacles dans le monde entier, soucieux d’être, en matière d’équitation, un trait d’union entre les traditions arabe et française,
Il y a quelques années, parmi ces dizaines de chevaux, il remarqua que l’un d’eux, prénommé « Peyo », allait spontanément au-devant des personnes âgées, leur apportant un réel réconfort par sa seule présence. Depuis, dans le cadre de programmes scientifiques et avec le soutien de l’association « Les Sabots du Cœur », Hassen Bouchakour et « Peyo » se rendent régulièrement en EHPAD ou dans des services de soins palliatifs…
Et là — sans qu’aucune bonne raison ne puisse l’expliquer — l’extraordinaire don du cheval fait merveille. Son empathie naturelle permet en effet aux vieillards et aux mourants de vivre plus sereinement leur présent, comme par « magie » apaisés par le regard et la bienveillance de l’équidé. Leur désarroi exorcisé par sa sérénité, ils se sentent au fil des visites de mieux en mieux armés pour faire face à la peur du Passage comme aux craintes de l’Après.
Enfin tranquillisés par l’animal, face à l’Inéluctable !
Philippe Parrot
Peyo avec son dresseur, Hassen Bouchakour
Peyo, Le Cheval de Cœur !
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Poème 362 : Peyo
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Dans les couloirs de l’hôpital,
Bien trop inhumains et fonctionnels
Où les personnels conquis t’accueillent,
Émus par ta nonchalance proverbiale
Et ta prestance altière et solennelle,
Tu lis du respect dans leur œil…
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Tous savent, en effet,
Engoncés dans leur blouse
Légère, impersonnelle et blanche,
Que, loin des protocoles et faits,
Tu ôtes étrangement le blues
Aux êtres qui flanchent…
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Oui ! À tes pas réguliers,
Lents et rassurants,
Tes fers sur le sol
Résonnent en alliés
À l’oreille des mourants.
D’emblée, tous, tu les consoles.
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Pareille à quelque cloche,
Messagère bienvenue,
Qui célèbre un moment
D’allégresse, ton approche
Sonore annonce enfin la venue
De magiques profonds apaisements.
* * * *
Sans qu’Hassen, à tes côtés, t’y invite,
Traversé par l’étrange prescience
D’un patient, là, au plus mal,
— Quelle manière explicite ! —
Tu t’arrêtes, en confiance,
À sa porte, l’air normal.
.
Laquelle, à peine et vite ouverte,
Voilà que tu avances vers le lit,
Où gît, livide et las, effacé,
Le corps presque inerte,
En fin de vie, affaibli,
Un malade stressé…
* * * *
Plus qu’un traitement,
Plus que maint soignant,
Plus qu’une tendre parole,
Qu’apportent curieusement
Tes longs silences poignants
Qui, à ta robe, te collent ?
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Sans artifice sans fièvre,
Sans vouloir faire de show,
Tes deux naseaux dilatés,
Tu approches tes lèvres,
Expires un air chaud,
Effleures avec doigté
.
La main que l’homme tend,
Ému par ton étrange compassion
Surprenante, salutaire et muette.
Elle suscite au fil des instants,
Dans sa chair, des émotions
Intenses, jamais surfaites.
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Ton bout de nez sur sa peau,
Ta langue épaisse sur ses doigts,
Ton regard serein sur sa personne,
Voila qui le réconforte bien à propos !
Voilà qui le rassérène à chaque fois !
Voilà qui, mine de rien, l’étonne !
.
Car, nul ne sait expliquer comment
Mais tu prépares l’âme au Voyage.
Tu aides le moribond à être prêt,
À goûter cet échange vivement,
À ne plus craindre le Passage,
Ni les mystères de l’Après…
.
Puis, tâche accomplie, quiétude apportée,
Une durable paix du cœur et de l’esprit
Octroyée, sans demander ton reste,
En simple confident bien escorté,
Tu pars, sûr de ce qu’il a appris,
Offrir ailleurs ton don céleste.
* * * *
Et, l’heure de mourir venue,
Il conservera d’ici-bas cette image
De toi : un noble héraut en sabots et fers.
Seul à rendre plus aisé le départ vers l’Inconnu !
Seul à faire accepter cet Au-Delà où se côtoient tous les âges !
Seul à posséder tant de hauteur et d’amour, si rares sur notre terre !
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Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 20 et le 22 décembre 2018
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