Lascive par nature, libertine par choix, j’aime ces nuits agitées, sans amant dans mon lit, où je compense mes manques par des rêves érotiques diaboliquement obscènes. Un héros dionysiaque, flanqué d’un corps de guerrier et d’une âme de conquérant, soudain surgi de nulle part, voudrait me posséder sans mon consentement… Habitué à ce que toutes cédassent, de gré ou de force, à ses pulsions et ses caprices, il se jetterait sur mon corps avec sa brutalité coutumière, ivre de satisfaire sa chair en abusant des miennes…

Malgré mes peurs et mon dégoût, sa noire volonté de puissance me subjuguerait étrangement et, malgré mon refus d’être contrainte, imaginer les émotions que je ressentirais à la pénétration de son sexe dans mon vagin, me troublerait pourtant, effrayée par la démesure de ses désirs en même temps qu’envoûtée par les forces ténébreuses de son être.

Mais, à la seconde où il voudrait me soumettre, voilà ce qu’il adviendrait…

Philippe Parrot.

P 364 - Le butor et la rêveuse

Photo libre de droit trouvée sur Pixabay.com ( auteur : AdinaVoicu )

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Poème 364 : Le butor et la rêveuse

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Au cœur des chaudes viscères

De son ventre où se terrent

Ses pulsions pléthoriques,

Incontrôlable et maléfique

Sourd son désir de possession,

Trahi par d’inextinguibles émotions.

.

Marée existentielle

— En vagues démentielles

D’appétits vils et démoniaques —

À chacune de mes nuits d’insomniaque,

Il tente d’exercer pleinement ses droits,

Se prenant à chaque fois pour un roi.

*      *      *      *

Avec son invincible armada de galères

Qui le chassa jadis du Monde Solaire,

Il a cerné de fait mon refuge secret,

Intime et chaud, puis, par décret,

Affirmé net qu’il lui appartenait,

En soudard que rien ne retenait.

.

Pourfendeur des morales puritaines,

Il brandissait son sabre, hors d’haleine,

Bien décidé à pénétrer mes terres inviolées,

Par la puissance de leur fécondité tant auréolées.

Il s’apprêtait dans ce but à briser mes lignes de défense,

Les écartant toutes deux, indifférent à l’ignominie de l’offense.

*      *      *      *

Trop sûr de sa victoire, il a baissé

Sa garde. L’instant de me dresser,

Je bloquais toute entrée, le laissant

Estomaqué. Un raz-de-marée puissant,

Chargé de colères et de rages allait le balayer

Quand mon œil obligea le Mal en lui à appareiller.

.

Convaincue désormais, à sa mine défaite,

Qu’avec ma volonté, je pouvais tenir tête

À ce butor prêt à conquérir par la force

Cet havre en moi, j’ai fait une entorse

À mes peurs de femme. J’ai avancé

D’un pas, imposant mes pensées.

*      *      *      *

Vidé de toute substance, sa folie

Disparue, ses prérogatives abolies,

J’ai transgressé ses machistes traditions

Et renversé les rôles, portée par l’ambition,

Chevillée à mon corps, de fendre sa carapace

Pour libérer son être, coincé dans une impasse.

.

Un soleil radieux se levait, au bout de la jetée,

Bien que je dormisse sans pouvoir m’arrêter.

J’ai porté mon regard vers cet horizon infini

Où mon esprit errait, savourant en catimini

Mon sommeil profond et ce songe érotique

Qui heurtait mes pudibondes pratiques…

*      *      *      *

Prostré sur une bite, à rougir de honte

De porter les stigmates, triste acompte

D’une virilité déboussolée, il tremblait,

À fixer sur l’asphalte, près d’un remblai,

La tête rasée d’un diable décapité, rongé

Par le regret de l’avoir tué lors de congé.

.

Il reniait son barbare passé, ce qu’il avait alors été,

Cette mer ou mère qui l’avait plongé dans la brutalité

Comme d’ailleurs, aussi, dans l’impiété… Libéré du joug

De valeurs inféodées à de guerrières conduites qui se jouent

Des hommes et des femmes pour les réduire à de simples objets,

Anéanti par cette vérité, je lui ai pris le bras, mue par un projet.

*      *      *      *

À marcher le long de chemins initiatiques

Sous des cieux d’un bleu clair magnifique,

Nos cœurs ressuscités, à courir dans les bois,

À gravir des montagnes, à traverser maintes fois

Des fleuves en crue, nous avons tant perdu le Nord

Qu’au final nos haines, effrois et préjugés sont morts.

.

Alors, dans les couchants — rougeoyant sans trêve —

De ces pays irréels qui n’existent qu’en mes rêves,

J’ai vu son âme se purifier grâce au vent d’autan,

J’ai vu son corps se détendre au cours du Temps,

J’ai vu son poing ne plus se lever, prêt à me caresser.

J’ai même vu, tout attendrie, ses mots ne plus m’agresser.

*      *      *      *

Maintenant que la lame de son poignard n’étincelle plus,

Maintenant qu’il est délivré d’un aveuglement qui tue,

Maintenant qu’à mes côtés, il trouve dans le respect

Les prémices d’une tendresse, source d’intérieure paix,

Et, dans cet abandon, la voie royale pour discerner des étoiles,

Même sous la semelle de ses godillots, son humeur est toujours joviale.

.

Jamais plus séparés, veillant à me prendre par la main,

Il attend mon accord pour m’aimer aujourd’hui ou demain.

Habité par l’espoir, il ne déprime plus, comme jadis dans son coin

Tant mes rires et paroles l’égayent dès le matin. Je ne trébuche plus, loin

De craindre nos virées sur des à-pics, tant son cran me rassure. Chaque soir,

Émus de rappeler qu’il fallut ses noirs désirs pour que l’amour vint m’échoir !

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fichier pdfP 364 – Le butor et la rêveuse

Poème écrit par Philippe Parrot

Entre le 2 et le 4 janvier 2019

Un autre rêve inavouable de femme libertine : P 225 : L’encordée

Avertissement : Ces deux textes pourraient éventuellement heurter des personnes.

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