Elle était l’unique fleur alentour et nulle vie, autre que la sienne, n’existait en ces lieux. Haut perchée sur sa tige, par la délicatesse de ses pétales et la puissance de son parfum, elle incarnait étrangement la beauté sur cette aire inhabitée, aussi sinistre qu’un paysage lunaire. Elle vivait là depuis des temps immémoriaux, dans une solitude extrême, sans qu’elle-même ne sache d’où elle venait et comment elle avait bien pu arriver là. Questions sans réponse, elle avait cessé de se les poser, finissant par accepter son étrange destin.
Un matin d’été cependant, un vent chaud se leva, l’enveloppant avec tant de douceurs qu’elle succomba à ses tournoiements. Elle s’en éprit et se réjouit qu’il s’occupa d’elle avec constance, lui apportant la fraîcheur de la rosée pour faire face aux torrides chaleurs estivales ; la douceur de ses brises pour contrecarrer les premières gelées de l’automne ; enfin, la force de son souffle pour chasser l’épaisse neige dès qu’elle tombait les soirs d’hiver. Ainsi, à le voir veiller sur elle avec amour, elle se convainquit, émerveillée par ses prouesses, qu’il la protégerait toujours.
Hélas, avec la venue du printemps, de par sa nature volage et inconstante, légère et insouciante, en quête d’autres émotions, il disparut, séduit par un printanier rayon de soleil, la laissant affronter seule les vicissitudes de sa terne existence…
Philippe Parrot
Photo libre de droit trouvée sur Pixabay.com ( Auteur : 3938030 )
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Poème 366 : Trahison de printemps
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Dans les brumes automnales,
Spectrales à cette heure matinale,
Un cerf, dans l’épaisse forêt, erre
Et brame, à l’appel de la chair.
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Et, toi et moi, malgré nos frissons,
Gagnés par le froid et l’émoi, marchons…
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« Dis, avec l’automne, linceul de notre été,
Serait-il donc possible que meurt, maltraitée,
Notre brûlante estivale passion et qu’il ne reste,
Alors, rien de nos mots, regards et gestes ? »
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Dans l’aube grise de septembre,
Sous une bise qui glace leurs membres,
Une harde de sangliers, traquée, s’engage
Sur une sente, indifférente au paysage.
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Et, toi et moi, malgré nos frissons,
Gagnés par le froid et l’émoi, marchons…
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« Ne crains rien, mon amour !
Continuons, sans songer au retour,
À nous promener dans l’allée forestière.
Elle éclaire nos esprits de sa lumière. »
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Dans les brouillards d’arrière-saison,
Cachés dans un fourré, couvert de gazon,
Un faon et sa mère sentent venir le rude hiver,
Par la neige, le sol très bientôt recouvert…
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Et, toi et moi, malgré nos frissons,
Gagnés par le froid et l’émoi, marchons…
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« Ne doute pas de mes aveux d’hier sur la grève !
Quand les feuilles, emportées par le vent sans trêve,
Des chênes seront toutes tombées, mortes et mordorées,
Encore et toujours, je t’aimerai, ma tendre amoureuse adorée. »
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À cause des interminables gelées
En cette fin d’année, l’écureuil esseulé
Est mort de n’avoir pu accéder à ses graines
Enfouies dans la terre glacée, hélas souveraine.
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Et, toi et moi, malgré nos frissons,
Gagnés par le froid et l’émoi, marchons…
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« Viens, blottis-toi contre ma poitrine
Et sens battre mon cœur sous ma pèlerine !
L’un contre l’autre, que mon corps réchauffe ton âme
Et la rassure, toi qui m’envoûtes comme nulle autre femme ! »
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Pourtant — la vie cruelle est de la sorte faite ! —
Le printemps revenu, à ne plus t’aimer sous ta couette,
D’amères et chaudes larmes couleront longtemps sur tes joues.
À le voir se lasser puis te quitter, en quête d’autres liaisons à son goût,
Tu saisiras qu’il en va, ainsi, des sentiments qu’à loisir les hommes foulent.
Ils s’en moquent, privilégiant leurs désirs de mâle qui, seuls, les défoulent !
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Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 16 et le 18 janvier 2019
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