Il arrive parfois que l’on ait brusquement envie de lâcher prise et de n’en faire qu’à sa tête, sans se soucier de ce que disent les gens, de ce que conseille la Raison ou de ce que dicte la Morale. Trop heureux de s’abandonner aux sulfureux élans de la chair, aux émois ravageurs du cœur, aux visions inavouables de l’esprit, voilà que l’on ose prendre le risque, pour une fois, d’aller jusqu’au bout d’un désir, aussi absurde et dérangeant soit-il…
Le poème ci-dessous est écrit, lui aussi, sous le coup de ce genre de pulsion irraisonnée et irraisonnable. Refusant d’être logique, crédible, convaincant, lisse, sur le mode de l’écriture automatique, j’ai transcrit en mots de fugitives et délirantes images, enchaînant ces visions comme l’on enfile des perles : bêtement, machinalement, mécaniquement, sans filtrer d’une quelconque manière ce que j’avais dans le crâne.
De fait, ce texte n’a donc ni queue ni tête. Nourri de songes creux, fait de bric et de broc, parti de rien, il ne mène nulle part, sinon au plus près d’absurdes rêves conçus pour nous faire échapper — ne serait qu’une seconde ! — à l’hégémonie de la rationalité ambiante qui formate et formalise nos comportements et nos pensées, satisfaite d’imposer à la conscience sa rigueur terroriste et sa glaçante logique.
Philippe Parrot
Photo libre de droit trouvée sur Pixabay.com ( Auteur : Gordon Johnson )
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Poème 370 : Pensées en vrille
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L’introduction
De vives injonctions
Dans leurs négociations
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Rend problématique
Les propos emphatiques
Des dictateurs pleins de tics.
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Comme quoi, la grammaire
Quitte le champ du « littéraire »
Dès lors qu’elle devient trop sectaire !
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La naïve ingénuité
Des nubiles Beautés
Attise la vive bestialité
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Des mâles faunesques,
Bougrement picaresques
Avec leur faciès simiesque.
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Elles ne l’ont pas réalisé
Et restent toutes électrisées,
Leur méfiance pas assez aiguisée.
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L’écuyère, faute de chapiteau,
Adore sentir la pluie sur sa peau,
Pendant que coasse un vil crapaud !
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Sur les gradins, l’on rigole
Tandis que cette eau, en rigoles,
Détrempe, solitaire, un triste parasol.
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Hélas, avec ses sabots, le cheval
Écrase l’amphibien. À pareille cavale,
Pas même Dieu n’avait donné quelqu’aval.
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Les longues tentacules
Des muettes pieuvres,
Hélas à pied d’œuvre,
Toutes à leurs calculs,
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En mer enserrent
Les glauques vérités
Toutes cachées, héritées
De cannibalesques corsaires.
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Dans les volutes du cigare,
D’un rond parfait et dansant
S’est échappé le baiser indécent
D’un ange, errant seul dans la gare.
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Sa bouche était offerte aux hommes
Assez bêtes pour croire au Merveilleux.
J’ai approché mes lèvres quand, en vicieux,
Le Diable a éteint son havane et pris un valium.
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Déconcerté par ce flux de mots
À l’envers qui dissimule mal
Un désir d’ailleurs, normal,
Usé par tes propres maux,
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Tente néanmoins de rentrer dans ces songes !
À ne plus jamais oser divaguer, froid comme glace,
Profites-en, un court instant, pour t’extirper de la nasse
Et fuir cette vie saturée d’obligations qui, sans cesse, rongent !
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Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 13 et le 15 février 2019
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