Il y a quelques jours, en allant sur le profil de l’association « Les Sabots du Cœur » créée par Hassen Bouchakour, la photo où il contemple l’océan avec son fidèle compagnon, Peyo, m’a touché. En effet, à rendre régulièrement visite, avec son cheval, à des personnes en Ehpad ou en service de soins palliatifs, l’on peut aisément concevoir qu’il veuille parfois se ressourcer dans un cadre apaisant.
Là, dans la solitude et le silence, aux côtés de Peyo, il peut se libérer de l’oppressante charge émotionnelle que représente un tel accompagnement. Être confronté au naufrage de la vieillesse comme à l’imminence de la mort est en effet une épreuve qui exige une telle disponibilité du cœur et une telle ouverture de l’esprit qu’elle ne peut qu’épuiser le corps et l’âme à la longue. Il faut donc impérativement se couper du monde de temps à autre pour reprendre des forces.
Oui, en s’installant face à l’immensité du ciel et de la mer, il ne pouvait trouver meilleur endroit pour renouer avec lui-même en toute sérénité, rasséréné par la beauté d’un paysage dont la majesté et la lumière font toujours oublier peines, angoisses et doutes !
Philippe Parrot
Hassen Bouchakour et son cheval Peyo – Photo de Raynald Aubert.
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Poème 375 : Halte en bord de mer de jour
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Le soleil se lève sur une mer étale, aux
Reflets d’un bleu vert, changeants
Sous les rais jaunes diligents
De l’astre au ras de l’eau.
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Au-dessus de cette aube naissante de printemps,
Le ciel zébré par maints nuages cotonneux
Expose au regard le champ lumineux
De son immensité hors du Temps.
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Devant la ligne d’horizon, l’arrondie crête
D’une falaise aux verdoyants aspects,
Souligne par ses rondeurs la paix
Inhérente à ce lieu de retraite.
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En cet endroit tranquille où le rythme des
Jours s’écoule immuable, l’intemporel
Paysage, à la magnificence naturelle,
Invite l’âme de sa prison à s’évader.
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Dans ce cadre idyllique où règne le silence
Troublé parfois par des cris de mouettes
Ou le bruit des vagues troubles-fêtes,
Loin de la foule, Vivre est dense…
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À le savoir, ils viennent là pour éloigner d’eux,
L’espace d’un salutaire instant, les images
De ces patients, hélas de tous les âges,
Confrontés au Voyage, aux Adieux.
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Côte à côte, coupés de nos existences racornies,
Grâce à la solitude, les voilà qui ressentent
Sourdement à quel point est puissante
L’étrange complicité qui les unit.
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Seuls face à la beauté des lieux, à l’aise,
L’un assis et pensif, l’autre, à l’arrêt,
Sur ses pattes, emportés d’un trait
Par le vent doux, ils s’apaisent.
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Peut-être cherchent-ils à l’écart, au tréfonds
De leurs chairs, à exorciser ces poignants
Moments où, mieux que des soignants,
Ils accompagnent ceux qui s’en vont.
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Heureux de souffler ! Car, à chaque visite
Où Peyo apporte sa présence animale,
Hassen son écoute, aux êtres en mal
De soutiens, jamais ils n’hésitent
.
À donner le meilleur d’eux-mêmes, caché
En leur for intérieur. Dévoués, ils allient
Douceur et compassion au pied des lits,
Mémorable partage nullement cliché.
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Ils sont Passeurs du Portail dans une bienveillante
Posture. L’un par son mutisme parlant, l’autre
Par ses paroles, ils font emprunter, entre
Les deux Univers, une voie éclairante.
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Leurs yeux grand ouverts, le cœur en paix,
L’esprit serein, libérés d’intenses émois,
L’homme et la bête s’oublient, ma foi,
À fixer l’océan, envahis de respect.
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Laissons-les — à l’abri du stress de nos villes
Et des drames de ce monde — retrouver
Dans leur corps, largement éprouvé,
Des forces à leur tâche très utiles !
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Puisqu’aussitôt le jour franchement levé,
Ils reprendront la Route vers d’autres chevets…
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P 375 - Halte en bord de mer de jour
Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 19 et le 22 mars 2019
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Découvrez un autre texte dédié à Hassen Bouchakour : Poème 362 : Peyo
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