C’était il y a peu. Un vent du Nord m’avait arraché d’un pied enraciné dans un lointain coteau. Bien arrimé à mon parachute, j’avais ainsi virevolté dans les airs durant des heures quand une bourrasque m’avait projeté dans un jardin. Sur un tapis de mousse… Endroit idéal, j’avais élu domicile là, pressé de m’exhiber fièrement !
Mais, je dus vite comprendre que je n’étais pas seul. Gaston, le chat roux de la maison et vrai maître des lieux, me précédait. Fin chasseur, il appréciait ce confortable endroit, parfait pour observer les allées et venues d’un couple de merle dans la roseraie. Il s’étendait près de moi durant de longues heures et quand il portait, à l’occasion, son impénétrable regard sur mon superbe bouton jaune, je croyais voir, dans les paillettes d’or de ses iris, les flamboyants reflets d’autres soleils…
Philippe Parrot.
Photo libre de droit trouvée sur Pixabay.com ( Auteur : rihaij )
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Poème 381 : Le chat, le pissenlit et le merle
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Au cœur d’un jardin
D’agrément, au milieu
Du gravier où poussent
Maintes herbes folles,
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Profitant tous les matins
De l’ensoleillement du lieu,
J’ai élu domicile, en douce,
Là, sans faire le mariolle…
* * * *
C’est un endroit tranquille,
Derrière un pavillon modeste,
Où vivent, reclus, de vieilles gens,
En retraite, solitaires et amères ;
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Où, dans le monde immobile
De leurs songes, tous à l’ouest,
Règne le lourd silence affligeant
Des âmes tristes qui s’enterrent.
* * * *
S’ils m’ignorent royalement
Jusqu’à ce qu’ils m’arrachent,
J’ai, comme fidèle ami, leur chat,
Affublé d’un mâle prénom : Gaston.
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Dès l’aurore, d’un pas lent
Et l’allure féline, à ses tâches
Il vaque… Adulé comme un pacha,
Contre lui, personne ne hausse le ton.
* * * *
Il vient s’étendre à mes pieds
Pour jouer avec ma creuse tige
— Qu’il balance à coups de patte —
Et mâchouiller mes feuilles…
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Mais ce qu’il aime épier,
En quête de quel vertige,
C’est qu’à l’aube, à la hâte,
J’ouvre ma fleur tape-à-l’œil.
* * * *
Le jaune de mon bouton,
Pareil à l’éclat d’un soleil ;
Les ors pailletés de ses iris,
Pareils aux feux d’une étoile,
.
Dans cette brillance des tons
Qui ouvrent sur l’Infini, en éveil,
Chacun devine la beauté salvatrice
Qui, tapie en soi, à son insu se dévoile.
* * * *
Hélas, à un gazouillis, venu de la roseraie,
À l’appel du ventre, l’instinct le submerge.
Il reprend sa faction, figé dans une posture
D’attente, fébrile, tous ses muscles bandés.
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Plaqué sur le sol, il miaule étrangement prêt
À bondir… Le corps électrisé, il ne gamberge
Plus. Des frissons le parcourent et le torture
Un désir. Croquer le merle, là, sous son nez !
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P 381 – Le chat, le pissenlit et le merle
Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 1 et le 3 mai 2019
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