Zone tampon entre deux aires que la Nature a séparées par une rivière, un fleuve ou un bras de mer, le pont est bel et bien une sorte de no man’s land suspendu entre ciel et eau, un espace neutre qui n’appartient à aucune des deux berges. Ni celle d’où l’on vient, ni celle vers laquelle l’on va…
De fait, à n’être d’aucun des deux côtés, il est ce lieu magique qui donne l’opportunité de « passer ». À jouer ainsi le rôle de passerelle, sa fonction sociale ainsi que sa puissance évocatrice — souvent soulignées à travers la hardiesse de sa conception architecturale — sont énormes. Mieux qu’aucune autre construction, il permet et symbolise le changement : d’un lieu vers un autre, d’un état vers un autre, du passé vers l’avenir.
Ainsi donne-t-il à chacun l’occasion d’y associer rêves et projets. Jusqu’au jour où — à pressentir l’emprunter pour la dernière fois — l’on sait passer, en le traversant, de l’Autre-Côté d’où nul ne revient…
Philippe Parrot.
Photo trouvée sur Internet – Auteur non identifié
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Poème 383 : L’ultime pont
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Dans le lacis d’envergure
— Enchevêtrement d’obliques
De bien mauvais augure ! —
Des poutres métalliques,
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La route rectiligne paraît dans l’espace
Se perdre dans d’épaisses Ténèbres.
Ne mènerait-elle qu’à l’impasse ?
Un horizon désert et funèbre !
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Pourtant dans l’idéal, tout pont n’est-il pas
Construit à la sueur des hommes insatisfaits
Pour les conduire d’un Monde dont ils sont las
Vers d’Autres qu’ils voudraient croire parfaits ?
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Quand bien même, de fait, l’anxiété
Noue leur cœur esseulé et la fatigue
Pèse sur leurs épaules — aux entêtés,
Il redonne espoir, loin des intrigues…
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Quand bien même les eaux bonasses
Des rivières qui s’écoulent dessous,
Sont pareilles au Temps qui passe,
À aider à fuir le Passé, il le dissout…
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Quand bien même les alluvions
Que les fleuves charrient sans fin
S’en vont comme les ans, des illusions
Il libère les êtres, en quête d’autres faims…
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Quand bien même les puissants courants
Des larges bras de mer qui s’avancent
En contrebas paraissent mourants,
Il agit tel un bain de jouvence…
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Hélas, celui qu’il emprunte aujourd’hui,
— Contraint de passer en ce lieu, sans arme
Ni bagage, pour quitter sa vie où rien ne luit —
L’amène à laisser, sur l’asphalte, quelques larmes.
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Il le pressent, à la fin du crépuscule, quand l’astre
Rougeoyant sombrera dans le lointain, sous un ciel
Entièrement plombé, recouvert de nuages grisâtres,
Cet entrelacs de barres de métal occultera l’essentiel.
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Demain — sans bruit —
Une douce lueur nouvelle,
Se lèvera dès l’aube. Sans lui,
À l’écoute de ta voix sensuelle !
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 14 et le 17 mai 2019
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