Comme le SMS l’indiquait, Marmoud devait rejoindre l’arrière-salle du café « Au croissant chaud », en plein cœur de Barbés. Parti du 9-3, aussitôt arrivé Gare du Nord, il avait filé direct vers le lieu de rendez-vous, avec comme bagages sac à dos et Coran. Enfin, après des mois d’endoctrinement et de mises à l’épreuve, il plaquait « c’ pays d’ merde » décadent et corrompu, fier de partir au Moyen-Orient rejoindre les rangs des combattants islamistes. Le rabatteur qui l’avait endoctriné via internet, l’attendait en cet endroit pour lui donner billets et consignes.
Nerveux mais déterminé, il se réjouissait d’en finir avec ses années de galère. Convaincu qu’il y avait du sens à se sacrifier, tuer ou être tué importait désormais plus à ses yeux que vivre et mûrir. D’autant que, s’il mourait en martyre au nom d’Allah, des vierges célestes l’aimeraient pour l’Éternité tandis que les vivants l’honoreraient jusqu’à la fin des Temps !
Plus que la vie, seule la Mort lui garantissait donc amour et reconnaissance. Un tel paradoxe, Marmoud l’assumait dans un rire sardonique…
Philippe Parrot.
Photo libre de droit trouvée sur Pixabay.com ( Auteur : Geralt )
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Plein l’ cul chaqu’ soir
D’ n’ broyer qu’ du noir !
Faut que j’ prenne ma tire,
Une loute pour m’ divertir…
D’autant que d’ frimer en BM
Les chaudasses, elles aiment…
.
Le blème, j’ l’ connais.
C’est l’ 9-3 où j’ suis né !
Pas d’ boulot, qu’un ghetto !
Blacks, beurs, parqués Soweto !
Dans les blocs ça déchire, ça fracasse !
Même les keufs en patrouille ont la chiasse !
* * * *
À toujours toucher l’ fond
D’une vie d’merde à la con,
À m’ faire chier entre potes,
À n’ plus croire au jackpot,
J’ m’ fous tout, sévère,
Cassé sous mes airs.
.
Le hasch, la coke et l’héro
Font pas d’ nous des héros.
Ils bouffent chaque neurone
D’ mon cerveau plus synchrone
Et m’ déglinguent veines et cœur
Qu’ j’ voudrais qu’arrive l’heure.
* * * *
Même pas une p’tite meuf
Attitrée, avec qui faire la teuf,
Bavasser, juste avant d’ la baiser,
Pour après, en macho pavoiser !
Rien d’ tout ça ! J’ai la haine
D’êt’e toujours à la peine !
.
À n’ plus croire en rien,
Les gens, pour des chiens
À les prendre, sous l’emprise
D’ mes shoots qui défrisent,
J’ voudrais leur sale gueule
M’ la payer, belle battle…
* * * *
À la masse, trop cogné, effondré
Sur l’ palier, à n’ plus m’encadrer,
— Même ma vieille qui m’ jette —
C’est pourquoi que j’ végète
Et qu’ j’en veux à la Terre
Entière, las d’ m’ taire.
.
Vous aut’es, d’ la « Haute »,
Vous direz qu’ c’est ma faute
Si j’ suis qu’un dégueulasse,
Un minable p’tit caïd salace
Qui traîne, cogne, arnaque,
Rackette même les snacks.
.
Sans compter celles qu’ j’enfile
Dans les caves ! Là, elles défilent,
Tellement ensuquées par l’alcool,
Tellement écœurées par l’école,
Qu’elles tuent leur désespoir
À s’en foutre de déchoir.
* * * *
Niqu’ ta mère, d’main, c’est juré,
Faut qu’ j’ cesse m’emmurer
Dans cet’e vie. Bastonner,
Dealer, escroquer, stationner,
Camé, dans les halls, j’en ai marre
D’ ces galères, salop’ries d’ cauch’mars.
.
J’ vais voir l’ rabatteur et partir ailleurs
Combattre pour un monde meilleur,
Obéir à un chef et trouver mon salut
À tuer ou m’ faire tuer en pleine rue.
Criblé d’ balles, libéré d’ mes chaînes,
Mille vierges s’offriront… Quelle veine !
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Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 28 et le 31 mai 2019
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