Sur une Terre où chaos et guerres régnaient depuis des lustres, il était l’un des derniers à professer qu’il était encore possible de restaurer l’Ancien Monde au sein duquel les hommes s’étaient épanouis durant des siècles, parfaitement en accord, dans leurs actes, avec les valeurs de fraternité et de liberté qui habitaient alors leur esprit. Mais les conditions économiques, sociales et climatiques s’étaient tellement dégradées à une certaine époque que la lutte pour la survie de chacun avait remplacé le sens de l’intérêt général et le souci du collectif. Désormais, il n’y avait plus que deux lois : celle du plus fort et du chacun pour soi.
Cependant, aussi folles que soient ses croyances et son obstination, il continuait à haranguer les foules, porteur d’un message — auquel il croyait, hélas, de moins en moins dans son for intérieur — jusqu’à ce maudit jour où…
Philippe Parrot
Photo libre de droit trouvée sur Pixabay.com ( Auteur : OpenClipart-Vectors )
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Poème 412 : L’Ordre et le sang
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Un prêcheur harangue,
Debout sur une souche,
Dans une étrange langue,
Une flopée de gars louches.
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Coiffé d’un haut-de-forme
Où nichent des corbeaux,
Sa voix, trop uniforme,
Dézingue les nabots…
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Dans l’allée forestière
D’où s’élance une étoile,
Danseuse jadis meurtrière,
Un peintre pose sa toile…
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Tandis qu’une foule
De pécheresses égorge,
En sacrifice, mille poules,
Gavées aux graines d’orge…
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Non loin, à des épaves,
— Castrats humiliés perdus —
Il leur fait miroiter, le teint have,
Un tas de bonheurs tordus :
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Sur leur poitrine, un épilage !
Entre leurs cuisses nues, la main
D’une femme ; dans leurs bagages
Des couilles en or, greffables demain…
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Au beau milieu de leur monde
Qui s’écroule, mioches abandonnés,
Géniteurs emprisonnés, il les sonde
Et voit leur haine bouillonnée.
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Il lève, alors, les bras au ciel
Et fait peur au vent d’hiver
Qui souffle, caractériel,
Une bise, de travers…
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Alentour, les feuilles mortes
Ont recouvert la Terre et les arbres,
Branches nues, l’on dirait, une cohorte
De glaçantes statuts de marbre…
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Bonimenteur de foire,
Lui-même ne croit plus
À l’envol, dans la nuit noire,
D’une colombe de la paix qui plut.
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Il s’égosille en vain,
Gesticule sans arrêt,
Risée d’un souverain,
Enfin, à la guerre prêt !
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Sous la voûte céleste,
Il le décapitera et, sa tête
Au bout d’une pique, preste,
Franchira une étroite crête.
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Les Pauvres effarés,
En courant, s’enfuiront
Et l’Ordre du despotique taré
S’imposera, au son des clairons…
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Dans les campagnes vaincues,
Planera, impavide, l’aigle impérial,
Vendu aux guerres éternelles… Au cul,
Le spectre de la Mort, hideux et déloyal !
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Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 10 et le 13 décembre 2019
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