Ô noirs désirs qui hantent nos consciences ! Pareils à des tourments qui oppressent la poitrine et plombent le jugement, au fil des jours qui passent, vous êtes à l’affût, toujours partants pour assouvir vos élans à la moindre occasion. Inextinguibles, tapis sous les multiples masques de nos rôles sociaux, vous avez la patience des fauves qui font le guet, dans l’attente de leur proie. Avant qu’ils ne finissent, en cage dans un cirque…
Alors, comme eux, vous aussi enfermés derrière les barreaux des morales dominantes, soumis aux diktats des bien-pensants qu’à tour de rôle nous sommes, ne vous reste plus en guise d’exutoire — par nature trop transgressifs pour être satisfaits ! — qu’à vous contenter de folles échappées dans nos Imaginaires, foisonnants, inatteignables et inviolables !
Philippe Parrot
Photo libre de droit trouvée sur Pixabay.com ( Auteur : Tiluria )
* * * *
Poème 420 : Quoi sous nos masques ?
.
Le bleu de l’azur
Infini
— À toujours
Enchaîner les yeux
Des Vivants en ce monde
À plus grand qu’eux —
Nous pousse,
Constamment,
À vouloir toucher
Avec nos doigts
D’inaccessibles
Horizons lointains,
Si rougeoyants
Qu’on dirait ces feux,
— Dans l’âtre
Des cheminées —
Qui bercent de
Leurs crépitements,
Au fil des longues
Soirées d’hiver,
Les enfants com-
Me les vieux…
.
TANDIS QUE
Les flammes,
Jaunes et vives,
Fécondent
Les réflexions,
Tantôt des uns,
Tantôt des autres,
Lesquelles errent
Dans leur tête,
Pareilles
À des colombes
— Enfermées
Dans une cage —
Qui fixent
— Au travers de
Leurs barreaux —
Le soleil radieux
Et croient un instant
Échapper à leur sort
De captives éternelles,
Aux larmes de cristal
Que verraient, seuls,
Les rêveurs timides,
Enchaînés à leurs
Songes, creux…
.
TANDIS QUE
— Parmi les nuages qui
Jouent avec les dieux,
Aussi éthérés qu’eux —
Plane avec majesté,
Ses ailes déployées,
Sa collerette voyante,
Blanche et duveteuse,
Le Condor des Andes,
Au vol intemporel,
Bel empereur altier
Des cimes enneigées.
Il tient en ses serres,
Puissantes et effilées,
L’Homme Nu tiraillé,
— Grand écart fatal —
Entre des exigences
Contraires : ou tourner
Les yeux vers la Lumière
Des Cieux ou plonger les
Mains dans les plaisirs
Extrêmes de la chair,
Sur Terre. À ne vouloir
Trancher, esthète exigeant
Les deux à la fois, l’heure
Du couchant venue, il
S’est laissé enlever.
.
TANDIS QUE,
Désemparée et vieille,
Une mère se lamente
Dans la chambre où
— Naguère gamin —
Il s’endormait,
Serrant dans ses
Bras, son nin-nin
Aimé, en peluche,
Repousseur des
Ténèbres…
.
Alors, oui ! Il
Voyait, candide,
Drolatique évocation,
Un couple de farfadets,
Gelés par les frimas
Tomber, raides,
Au pied d’un
Vénérable
Chêne…
.
Alors, oui ! Il
Voyait, pratique,
Déconcertant rappel,
Des bises arrivées par
Le Nord, glaçantes
Et tempétueuses,
Oser contrarier,
Ses aventures
Oniriques…
.
Alors, oui ! Il
Voyait, horrifié,
Incongru sortilège,
D’odieuses hideuses
Sorcières — portées
Par leurs transes —
Danser jusqu’à l’aube,
Vêtues de haillons noirs,
Coincé entre les cuisses,
Leur magique balai…
* * * *
Refermons d’un coup sec
Cette boite de Pandore
Du Pays des Merveilles
— Mais aussi des Luxures ! —
Où nos plus salaces rêveries
S’arrogent tous les droits ;
Où nos plus noires pulsions
Enfreignent toutes les règles !
Ô bien-pensants au pouvoir,
Cette soif de perdition, jamais
Étanchée dans nos crânes,
Accepteriez-vous — haut
Et fort — de l’absoudre ?
Non ! Car ce serait
Renoncer à ne vouloir
Voir dans nos rétines,
Normalisées, qu’un
Réel étouffant où
La Raison s’impose,
Ricanant dans nos dos !
.
Non ! Car ce serait
Renoncer à ne vouloir
Prendre dans nos mains,
Cupides, que des choses
Futiles et marchandes,
Produites à la chaîne !
.
Non ! Car si vous nous
Laissiez lever un instant un
Coin du voile de nos pensées
Où grouillent nos délires interdits
Et nos fantasmes orgiaques,
Vous craindriez bien trop
Que nous arrachions
Le Fruit du Pêché,
Jouisseurs avides
De le croquer !
.
Impatients de mordre, à
Pleines dents, dans la tentante
Aphrodisiaque Pomme d’Amour,
Rouge comme leurs menstrues,
Ronde comme leur ventre,
Douce comme leur peau,
Offerte par d’espiègles
Diablesses, juvéniles
Insatiables amantes,
Beautés provocantes,
Couchées sur les rives
Du cours tumultueux de
Nos imaginaires fantasques !
* * * *
Continuons — tenaillés par
La honte — à aller de l’avant
Et, nos visions dérangeantes,
Nos attentes inavouables,
Nos folies trop obscènes
— Vos pouces vers le bas,
En signe d’exécution,
Sommaire et déloyale —
Enterrons dans nos cœurs,
Cachons dans nos entrailles,
Vivantes mais condamnables,
Tenaces mais mises au banc,
Nos plus animales passions,
Humaines, trop humaines.
Lesquelles, si ravageuses,
À enflammer les âmes,
À embraser les chairs,
Obscurcissent l’esprit,
Magnanime et droit.
Hélas, encore hélas,
De par sa noblesse,
Lui seul légitime !
.
P 420 – Quoi sous nos masques ?
Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 3 et le 8 février 2020
Visualisez la vidéo ci-dessus, en plein écran, directement sur YouTube !
Vous aimez ce texte. Partagez l’article ! Vous contribuerez ainsi à la diffusion de mes mots.
* * * *
* * * *
Pour accéder à la totalité de mes poèmes classés par ordre chronologique et thématique, veuillez cliquer sur l’une des bannières ci-dessous :
* * * *
Notification : Conformément au code de la propriété intellectuelle (loi n°57-298 du 11 mars 1957), il est interdit d’utiliser et/ou de reproduire et/ou de modifier et/ou de traduire et/ou de copier le texte ci-dessus, de façon intégrale ou partielle, sur quelques supports que ce soit : électronique, papier ou autre, sans l’autorisation expresse et préalable de l’auteur. Tout droit réservé.