Hospitalisé en service de gériatrie, suite à un malaise qu’il avait fait en pleine rue alors qu’il se rendait au cimetière, Jacques pressentait qu’il ne retournerait plus jamais à son domicile. Vivre seul durant tant d’années — après la mort de sa fille et de son épouse — avait été une longue épreuve qu’il avait assumé avec dignité, mettant un point d’honneur à aller fleurir chaque jour la tombe de celles qu’il avait aimées. Particulièrement leur fille unique que la mort avait fauchée si jeune…
Cependant ces derniers mois — au fur et à mesure que son état de santé s’était dégradé — le pèlerinage s’était avéré de plus en plus difficile tant marcher devenait douloureux. De toute évidence, Jacques devinait qu’il ne pourrait bientôt plus l’accomplir, ses forces déclinant. Quand il en arriverait là, il serait grand temps d’aviser.
Sur son lit d’hôpital, dans une chambre impersonnelle, froide et fonctionnelle, il sentait obscurément que, cette fois, son heure était bel et bien venue. Ce n’était plus qu’une question de jours, voire d’heures.
Il s’en réjouissait, si faible et las.
Philippe Parrot.
Photo libre de droit trouvée sur Pixabay.com ( Auteur : PublicDomainPictures )
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Poème 422 : Fin des visites
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Au tréfonds de mon esprit
Où reposent, sans prix,
Maintes images de toi,
Gamine pleine de foi,
J’aime aller y dénicher
Ce souvenir très cliché
Où tu cours sur la plage,
Longtemps, tout en nage…
.
Pourquoi ton âme vouloir l’effleurer ?
Ailleurs, sans doute à demeurer
Au sein de célestes poussières
D’étoiles, dans la lumière
Dansantes, chaque jour,
Tes yeux, doux recours,
À scintiller dans le noir,
Chassent mes déboires…
* * * *
Les chrysanthèmes ont fané
Dans leurs pots. Damnée,
Sur la dalle, une vipère,
Sortie de son repaire,
Au vif soleil s’expose,
Lovée sur le marbre rose,
Tandis qu’un frêle coquelicot
Rappelle ton sang versé, en écho.
.
Au fil des années, dans l’allée,
Le vent la pluie la neige, même les
Rais de l’astre solaire, ont fini, hélas,
Par effacer ton nom. De guère lasse,
J’ai laissé, sur la stèle, disparaître
Les traces de la vie d’un bel être,
Tandis qu’une éphémère, en vol,
Danse une incantatoire farandole.
.
À la tiède brise des nuits d’été,
Juste avant que ta juvénile beauté
Par une voiture folle ne soit fauchée,
Comme tu aimais le soir me débaucher
Pour que je te lise une histoire, l’air enjoué,
Heureuse avec le monde des rêves de renouer.
Seul aujourd’hui, dans son souffle frissonnant
Je ne perçois qu’un fantôme tourbillonnant.
* * * *
Ô que trop d’années ont passé, hanté
Par ta présence qui savait enchanter
Les heures de notre quotidien de tes
Espiègleries qui, toutes, m’épataient !
Mais, veuf et vieux désormais, impotent
Dans mon lit, voilà que m’empêche le Temps
D’aller te visiter… Ta tombe à l’abandon, ne reste
Plus pour t’émouvoir que mes larmes sur ma veste…
.
Ô ma fille, qu’encore tu brilles
Dans le cœur d’un père qui vacille !
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 18 et le 21 février 2020
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