Une fois de plus, le spectacle terminé, après avoir fait danser des couples toute la nuit au rythme trépidant du mambo, Pedro tournait la clé dans la serrure, se réjouissant déjà de la retrouver quand, avant même d’ouvrir la porte, un détail l’intrigua. D’habitude, elle laissait un post-it sur la poignée, avec ses mots : « Viens vite, je t’attends ! ». Mais, ce soir, nul papier…
Il entra, l’appela et au silence, aux armoires vides, aux photos disparues, il comprit qu’elle l’avait quitté quelques heures plus tôt, sans un mot, sans une explication. Sans doute trop lasse de ses sempiternelles soirées dansantes, de ses innombrables conquêtes d’un soir… C’est vrai qu’il rétorquait toujours que ce n’était pas le moment d’en parler quand elle abordait ces sujets, trop fatigué, disait-il, pour l’écouter geindre.
Ainsi, en toute logique, il payait l’addition. Cash ! Et, dans un douloureux éclair de lucidité, malgré sa sidération, il se rendit soudain à l’évidence. Cette femme, il l’avait dans la peau. Du coup, demain, face à ses congas, même au plus fort de ses transes, il ne pourrait l’oublier, surtout à voir sur la piste les amoureux s’étreindre follement.
Philippe Parrot
Photo libre de droit trouvée sur Pixabay.com ( Auteur : PublicDomainPictures )
Mambo n° 5 – Perez Prado
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Poème 437 : Le batteur cubain
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Des regrets dans la balance,
Oppressants, sans cohérence,
Ont chu dans les abysses
D’un cœur, guère complice,
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Palpitant fort dans la poitrine
De Pedro qu’un grand vide chagrine.
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Aux mesures saccadées de sa conga,
Il veut oublier ses déboires de gars.
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Ses doigts font merveille sur le tambour
Dont la cadence enchante le faubourg.
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C’est l’été. Au rythme du mambo,
Un couple, emporté par le tempo,
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Danse. Elle, jeune et mutine, semble avoir
Les ailes d’un véloce ara qui quitte le perchoir.
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Lui, mûr et distant, paraît las, l’âme blessée,
Gêné, peut-être, de se sentir oppressé.
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Une part de lui-même se serait-elle
Perdue ? Quant à l’autre, bien réelle,
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Ne saurait-elle comment s’y prendre
Pour ne pas avoir, au final, à se pendre ?
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Quant à toi, batteur, frappe et frappe mille et un coups
Pour oublier de ne plus pouvoir la prendre par le cou.
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Ton bel amour d’hier, c’était ton unique trésor,
Bien plus cher, à tes yeux, qu’un tas d’or !
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À te soûler de sons, à jouer sans
Retenue, les mains en sang,
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Tu tenteras, en vain, d’oublier son nom mélodieux,
Comme sa gaîté qui te rendait si radieux !
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Quant à l’insouciante danseuse qui ignore
Ton secret, elle redoublera d’efforts.
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Sans avoir entrevu ta peine, rien compris,
Elle embrassera son partenaire, surpris.
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Et, à la voir ainsi l’enlacer, tu verseras une larme,
Amer qu’ait disparu Celle qui t’envoûtait par ses charmes.
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Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 15 et le 18 juin 2020
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