Gladys émergeait lentement du sommeil, après une longue et délicieuse nuit à serrer tout contre elle son « Nin-Nin ». Voilà pourtant plus d’un mois qu’elle s’était décidée à s’en séparer le soir, estimant qu’à quatorze ans, elle n’était plus d’un âge à dormir en compagnie d’un nounours. À l’instant d’éteindre sa lampe, elle le posait donc sur sa couette, au pied du lit, à quelques mètres d’elle… Mais, chaque matin, elle le retrouvait étrangement entre ses bras, à croire qu’elle s’en emparait quelques heures plus tard, dans une sorte d’accès de somnambulisme. Que diraient ses copines si elles apprenaient ce détail ? Elles se moqueraient d’elle, déjà toutes obnubilées par les garçons.
Soudain, elle réalisa l’absurdité de la situation. Elle sauta hors du lit, doudou en main, le jeta au fond de la plus haute étagère de son armoire, se promettant de ne plus jamais y toucher.
Certaine que sa détermination était, cette fois, sans faille, très satisfaite d’elle-même, Gladys se dirigea vers la fenêtre pour ouvrir les volets et profiter de la lumière printanière avant de filer au collège.
Philippe Parrot
Photo libre de droit trouvée sur Pixabay.com ( Auteur : Greyerbaby )
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Poème 441 : Bientôt femme…
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Dans la chaleur des draps,
Encore toute frissonnante,
Aux prises avec ses rêves
Et l’évasion qu’ils offrent,
Elle souhaiterait prolonger
Ce doux état d’entre-deux
Où le sommeil n’est plus
Aussi profond qu’avant
Et la veille pas encore
Aussi sûre qu’après…
* * * *
Face à ces temps incertains
Où elle n’est plus la gamine
Qui jouait, hier, à la poupée
Mais… pas encore la femme
Qui cherche à se faire belle,
Elle ne sait pas, à cette heure,
En cette aube de printemps,
De quelle peau s’affubler,
— Terrible tiraillement —
Car aucune ne lui plaît.
.
Celle de la fillette qu’elle fut,
Au corps bien maigrichon,
Ô combien androgyne, ou
Celle de demoiselle qu’elle
Sent apparaître sans savoir
Qu’en faire ? Comment donc
Gérer ces silhouettes contraires
Qu’elle sent cohabiter en elle, mal.
La môme des jours d’autrefois ?
La miss des mois prochains ?
.
Ne sachant qu’en penser,
Elle saute hors de son lit
Et marche vers la fenêtre.
La lumière du matin, encore
Rasante mais déjà crue et vive,
Chasse ses angoisses et ses doutes.
Oui ! Qui qu’elle fut, hier ; qui qu’elle
Devienne, demain, elle est, aujourd’hui
Ancrée dans l’instant. Qu’elle le prenne
Comme il est, sans s’occuper du reste !
.
Que s’envolent les secondes,
Que s’égrènent les minutes,
Que s’écoulent les heures…
Ravie par la clarté qui laisse
Augurer une radieuse journée,
Passée au collège avec ses amies,
Elle sent que brille en elle une lueur.
Celle de la jeunesse qui n’a qu’une hâte :
Quitter les limbes de l’enfance et vite grandir
Pour s’épanouir, enfin, en compagne ou amante !
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Poème écrit par Philippe Parrot
Écrit entre le 7 et le 9 juillet 2020
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