Conséquence de la place quasi inexistante qu’occupe la poésie dans nos sociétés modernes — inapte à toucher des consommateurs adonnés au seul culte de l’image, omniprésente sur les réseaux sociaux —, elle se réduit à n’être aujourd’hui que le point de tangence entre deux individualités qui s’ignorent royalement l’une l’autre : d’un côté, celle qui produit des mots ; de l’autre, celle qui s’en nourrit.
Reléguée dans les arrière-cours de la culture, la poésie ne survit donc plus que dans la sphère de l’intime. Face aux médias qui s’emploient à communiquer des informations, le poème, lui, ne vise qu’à partager des ressentis. À ce titre, il relève d’un processus cathartique. Au poète comme au lecteur, dans les mots qu’il écrit comme dans ceux qu’il lit, il offre l’opportunité d’extérioriser des sentiments et de s’en libérer.
Le poème est ainsi cette voie singulière qui, en sublimant le quotidien, évacue nos angoisses, exorcise nos démons, transcende nos émotions. Champ d’émois nourri des circonstances ou de l’être en soi, le poème est une échappée littéraire qui fait entrevoir à deux sujets, enfermés dans leur solitude, ces contrées de l’esprit, rarement explorées, où l’on parvient à s’émanciper — un trop bref instant ! — du joug de la raison et de la chair.
Philippe Parrot
Photo libre de droit trouvée sur Pixabay.com (Auteur : Andreas160578)
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Poème 458 : Des vertus du poème
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Accoucheur de chimères
Bannies par la Raison,
Seul le poème déterre
Des fosses communes
Où gisent les souvenirs
— Intacts malgré les ans —
Les déchirures béantes,
Les blessures profondes,
— Jamais cicatrisables —
Des cœurs las et amers pour
En faire, bel instant, des visions
Lumineuses, salvatrices de l’âme…
.
Au gré des pleins et des déliés couchés
Sur des papiers au nom d’amours
Anciennes, hélas disparues,
— Jadis tempétueuses —
Le poème ressuscite
Tant de passions d’hier
Dans l’interstice magique
De ses strophes composées
Qu’aux confins des déserts, il
Offre, dans le silence, aux moines
Exilés, cette autre clef — plus céleste
Que divine — qui ouvre sur l’Azur.
.
Oui ! Avec ses échappées
Vers des aires spirituelles,
Le poème rassure tellement
Les êtres assaillis par trop
D’angoisses, étouffantes,
Qu’après s’être nourris
De ses incessantes images
— Baume à leurs nuits d’insomnie
Où maints fantômes défilent —
Libérés par leur étrange pouvoir
Du poids des peurs et regrets,
Ils trouvent, alors, la paix.
.
Oui ! Chaque poème illumine
Nos rêvasseries ténébreuses
D’arcs-en-ciel scintillants,
De soleils éblouissants,
Jamais ailleurs trouvés.
Au fil du foisonnement
De ses réminiscences,
— Dans les révélations
D’homme mis à nu —
Il cautérise les plaies
De nos destins fugaces,
Privés d’exaltantes ivresses.
.
Qu’il s’attache à la forme ou ne s’en
Soucie guère, il exhume à loisir,
De nos mémoires honteuses,
Des ressentis qu’on pensait
Enterrés. Avec ses mots
Précis, ses vers colorés,
Ses rimes travaillées, ou
Non, il agrémente nos vies,
Chassant un temps nos peines,
Qui, sans ses envoûtants artifices,
Nous accableraient de leur charge,
Chaque jour, trop lourde à porter.
.
Oui ! À faire fi d’un langage
Conventionnel et froid,
Le poème, enflammé,
Donne enfin la parole
À ces voix souterraines
Ensevelies dans le Passé
Dont Morales et Devoirs ont
Toujours su étouffer les cris rares.
Mais Lui, en exorciste, les réincarne,
Les chante et les honore. En musicien
Des mots, il swingue sur nos langues
Et danse dans nos pensées. Vibrant !
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 17 et le 20 novembre 2020
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