Au pied d’un monumental escalier, aux couleurs pétantes mais défraîchies, il s’est assis dans un coin, son chien à ses côtés, d’une discrétion qui frise l’invisibilité. Si petit, face à l’imposante masse de béton que forme un « mur » de marches au cœur de la ville portuaire ; tellement perdu, au beau milieu de ce cadre urbain, impersonnel et froid, où le ciment règne en maître et où toute autre présence humaine semble exclue, ce jeune routard exprime, à sa manière, le désarroi des hommes modernes, dépassés par un univers pourtant créé de leurs mains et dont la démesure et le gigantisme les écrasent au quotidien.

Notre raison qui déraisonne à vouloir « artificialiser » jusqu’à l’extrême notre environnement ; notre humanité qui s’émousse à ne plus échanger avec les autres dans le respect et la bienveillance mais seulement à communiquer avec eux, via les réseaux sociaux, confronté à l’absurdité de tels bouleversements, lui a manifestement choisi la solution la plus radicale qui soit. Fuir un monde marchand où profits et algorithmes réduisent l’individu à une machine à produire et à consommer, tracée, surveillée, contrôlée et manipulée, qui ne peut plus penser et vivre par elle-même !

Anticipant ainsi, de façon discrète et tranquille, un refus catégorique que d’autres exprimeront dans les décennies à venir de manière beaucoup plus bruyante et violente. C’est certain.

Philippe Parrot

495 - L'oublié des villes

Photo non libre de droit prise par moi-même le 28 août 2021

*      *     *     *

Poème 495 : L’oublié des villes !

.

À toujours douter de toi, dans

Tes mots et tes actes, plus encore

Dans le regard des Autres, porté

— Avec quelle morgue ! —

Par-dessus tes frêles épaules,

Dans nos sales mégapoles

Où, fourmis laborieuses,

Automates sans cervelle

— Taraudés par le sexe,

Assoiffés de pouvoir,

Dévoyés par l’argent —

Nous ne faisons qu’aller et

Venir pour produire toujours

Plus, tu erres, sac sur ton dos,

Invisible et solitaire, discernant

Dans nos fuyantes postures, toutes

Affectées, au final, en guise d’échange,

Qu’une indifférence, royale et travaillée.

Masquerait-elle comme un semblant

De honte ? La marque d’une ébauche

D’égard, viendra-t-elle, ce jour, pas

Si lointain, où, les énergies rares,

Le climat étouffant, soumis aux

Restrictions et à d’autoritaires

Régimes, nous en arriverons

À comprendre et approuver

Ton choix de jeune paria

Qui, à ne plus croire en

Rien, se prépare à tout.

Et, notamment, au pire !

.

Car, tu ne le sais que trop !

Aucun navire, aucun train

Ne viendra s’amarrer au

Quai où tu te réfugies…

Ne viendra s’arrêter à

La gare où tu te terres…

Quant à espérer bêtement

Qu’une femme sur un banc,

Sans attache, sans bagage,

Viendra te demander

De monter avec elle

Dans le premier taxi

Venu, qui passe, n’y

Compte surtout pas !

Ce serait, là, la preuve

Que ton esprit déraille et

Que, dans les méandres

De ton imaginaire, les

Aiguilles de l’horloge

Du haut hall d’accueil

Où les gens te toisent,

Sont toutes tombées

Par terre. suspendant

Le Temps à cet instant

Où tu ne fais qu’attendre

Ce qui, jamais, ne surviendra.

Dans la Salle de nos Pas Perdus,

N’y aurait-il donc plus de place

Que pour de vifs désespoirs,

Tueurs de maints désirs ?

.

Hélas, comme bientôt nous

N’aurons plus grand chose

À attendre, sinon des jours

Sombres, pour t’y préparer

Tu as décidé un matin, futé,

De sauter en marche, hors

Du wagon bringuebalant

De nos formules stériles

Et de nos actes funestes,

Pour t’engager sur l’âpre

Voie d’une quête, suivant

Les bas-côtés des routes

Nationales qui traversent

Nos villes et nos campagnes.

Au cours de ce destin nomade,

Tu as vite pris goût aux Ailleurs,

Ces cieux bien plus cléments

Où l’on se sent tranquille

Puisque l’on n’y attend là,

Ni l’assistance d’un ami,

Ni le soutien d’une mère,

Ni l’arbitrage d’un sauveur,

Ni la main d’une amante. Et,

Chaque nuit avant de sombrer,

Entouré de fantômes, témoins de

Ton passé, t’observes le firmament

Radieux— au vu de nos errements

Et de l’état du Monde — vraiment

La seule façon de te sentir en paix.

.

fichier pdfP 495 – L’oublié des villes

Poème écrit par Philippe Parrot

Entre le 23 et le 26 novembre 2021

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