Cette nouvelle est un récit qui relève plus de l’imaginaire : « incarner un parti pris » que de la réalité : « présenter des faits ». Si elle s’articule autour de l’année 2020 qui, suite à la pandémie mondiale de la Covid 19, obligea les gouvernements à faire du traçage de nos existences une priorité absolue, avec toutes les dérives possibles qu’un tel choix implique ; si elle renvoie, a priori, à des événements précis, il ne faut surtout pas en déduire que ceux évoqués entre les lignes se sont tous réellement passés. Bien au contraire ! Certains sont totalement fictifs, sortis tout droit de mon imagination pour assurer seulement une cohérence entre les paragraphes, me permettant ainsi de dérouler l’histoire de mes personnages mais aussi d’étayer la problématique centrale de ce texte. À savoir, l’inquiétante centralisation de nos données personnelles sur des plates-formes — souvent en lien direct avec des entreprises étrangères — dont l’opacité des systèmes de gestion ne permet pas de contrôler l’utilisation marchande ou politique qu’elles en font !
Il s’ensuit que cette fiction cherche moins à rendre compte de ce qui s’est effectivement déroulé ces derniers mois qu’à anticiper, à partir de l’évocation plus ou moins fidèle de cette période, ce qui pourrait nous « pendre au nez » dans les prochaines décennies, tant ce processus ne peut que se développer et se « perfectionner ».
L’histoire de Nora, c’est donc un peu l’illustration — certes en plus dramatique — de ce que nous sommes devenus dans les sociétés modernes, numériques, centralisées et autoritaires : des « fichiers » qui changent de main à tout-va sans que nous puissions nous y opposer, pris dans les rets de leurs diaboliques interconnexions. Lesquelles, au nom du profit ou d’intérêts d’État, vendent ou archivent une quantité invraisemblable d’informations sur notre santé, nos convictions religieuse et politique, nos orientations sexuelles, etc, etc, au point de pouvoir manipuler, voire briser maintes existences individuelles.
C’est pourquoi, compte tenu de l’urgence qu’il y a à dénoncer et à combattre de tels abus, le lecteur ne doit se soucier en aucun cas de la véracité des faits qui servent de cadre à cette fable. L’essentiel n’est pas de lire ce texte en historien sourcilleux mais, plus simplement, en homme inquiet qui s’interroge sur ce que demain pourrait lui réserver.
Et, accessoirement, de trouver quelque plaisir à cette lecture…
Philippe Parrot
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Extrait 2 de la nouvelle : L’école de tous les dangers
En état de choc, Nora s’était laissée glisser le long du mur pour s’accroupir, recroquevillée sur elle-même, les bras autour de ses jambes plaquées contre sa poitrine, sa tête posée sur ses genoux, encore sous le coup des propos qu’elle venait d’entendre. Elle resta là de longues minutes jusqu’à ce qu’un lourd silence gagne peu à peu le bâtiment. Quand elle comprit que le lycée s’était vidé, elle se releva, pressée de quitter les lieux. À se répéter qu’elle avait eu la chance de ne pas être frappée, elle se convainquit de passer sous silence l’agression, certaine qu’en parler à sa hiérarchie comme à Lenny, loin de la libérer, ne ferait qu’accroître son sentiment de honte…
Au fil des jours, Nora s’était renfermée sur elle-même, déterminée à cacher son secret. Lenny qui percevait son mal-être devinait bien que « quelque chose » s’était produit. Si, de notoriété publique, enseigner dans certains lycées du 93 ressemblait de plus en plus à une « guerre de tranchées » ; si chaque cours n’était en somme qu’une « zone de non-droit » où l’adversaire se permettait tous les coups, imperméable au règlement intérieur, aux marques de civilité, aux lois de la République ; si les « frondeurs » au communautarisme affiché, au sectarisme revendiqué, se sentaient dans la toute-puissance, dans de telles conditions qui pouvait prétendre ne pas craquer ? Finalement, c’était peut-être ce qui était arrivé à Nora mais elle n’osait pas l’avouer ? Car, à devoir garder son sang-froid en toute circonstance sans jamais hausser le ton de crainte que la situation ne dégénère ; à n’avoir d’autre recours face aux trublions qu’un arsenal réglementaire limité — d’autant plus inefficace que les parents contestaient son autorité ! — c’était plausible qu’elle ait pu baisser les bras. Et s’effondrer dans la Salle des Profs, épuisée par ces combats où les valeurs qui présidaient à son enseignement étaient toutes bafouées !
Tourmenté par ces suppositions toutes vraisemblables, Lenny avait décidé, pour lui faire oublier cette année scolaire, d’aller passer leurs congés aux USA dans sa famille qui n’avait pas encore eu l’occasion de rencontrer sa « French girlfriend ». Fort d’un appui à l’ambassade américaine, il avait obtenu les autorisations nécessaires au voyage malgré les restrictions imposées par le Travel Ban en ces temps de Covid.
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Nota Bene : Ci-dessous, une analyse du positionnement structurel des GAFAM au sein de nos sociétés marchandes. Nouveaux maîtres du monde, ces entreprises transnationales capturent, stockent et gèrent nos données pour transformer ces informations confidentielles en profits.
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