De bric et de broc 66 (vidéo YouTube)

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De bric et de broc 66

En finir avec soi dans une chambre d’hôtel…

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Ta fenêtre s’ouvre-t-elle sur la Place du Marché

Où dorment sur des bancs des clochards éméchés

Tandis qu’impassible, passe un notaire en chapeau ?

Oh ! Tu t’en fous royalement. Mal dans ta peau,

Rebelle et en colère, lâchée par un père

SDF et une mère toxico, tu erres…

Placée, par défaut, dans un hôtel

Par les Services Sociaux, à quels

Miracles pouvais-tu encore croire ?

D’abattements en peines et déboires,

D’accueils en courts séjours, de dérives

En ruptures, tu as choisi l’Autre-Rive.

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Car, dans le monde oppressant des damnés,

Plein d’histoires sordides et de destins brisés,

À survivre — quinze ans — ballottée par les flots

De mers tumultueuses privées du moindre îlot,

En ce 25 janvier, au Cap Horn des impasses,

Jonchées de songes noirs, de guerre lasse,

Le doute a disparu. Entre souffrir et mourir,

Tu as soudain tranché. À ne plus savoir rire,

À voir tes prières rester lettre morte, portées

Par l’inhumaine tempête qui brise les jetées

Où les cœurs trop amers croient se réfugier,

À ne plus espérer qu’une main prête à choyer,

Venue d’un autre temps et d’un autre univers,

Ne se tende vers toi — malgré le doux hiver —

Affamée d’espérances, détruite par tes luttes,

En révoltée, « incasable » et blessée, en butte

À trop de vexations et bien trop d’abandons,

Dans le No man’s land d’une vie trop bidon,

Jalonnée de « losers » déboussolés, d’éducs

Sans vrais moyens, d’indésirables trouducs,

Pour fuir ce merdier, dans ta chambre d’hôtel

Sur un coup de tête ? — tu t’es donnée des ailes.

 .

À l’espagnolette, épuisée de crier ta détresse,

De quémander en vain un regard de tendresse,

Lasse, de lieu en lieu, de transfert en placement,

De te perdre sans jamais croiser d’êtres aimants,

Seule, devant le lit défait, dans le décor sinistre

D’une usine à sommeil où, sur le gros registre,

Ne restera de toi que le prénom — vite oublié —

D’une ado, à l’âme au peur et au revers chevillée,

À bout, sans avenir que la rage, tu t’es pendue !

Dis, Lily, trouveras-tu la paix dans les Nues ?

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Écrit le 15/02/2024 par

philippe-parrot-auteur.com ©

philippeparrotpoesie.com

fichier pdf 2024-02-15 Philippe Parrot bric broc 66

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Ce poème est dédié à Lily, une jeune adolescente de 15 ans.

Suivie depuis l’âge de trois ans par les Services Sociaux qui l’avaient placée dans un hébergement d’urgence faute d’une structure susceptible de l’accueillir, au terme d’une existence faite uniquement de galères et de ruptures, elle s’est pendue, le jeudi 25 janvier 2024, dans la chambre d’un hôtel situé dans les environs de Clermont-Ferrand.

Une pensée pour Elle qui ne sut sans doute jamais ce que les verbes « aimer » et « être aimé » veulent dire…

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