Bien qu’il ait été marqué par le fauvisme où prédominent les couleurs franches et lumineuses et le cubisme qui prône la déconstruction des objets et de l’espace, Marc Chagall (1887/1985) n’appartient en réalité à aucune école. À une époque où la peinture s’orientait vers une certaine forme d’intellectualisation qui réduisait le sentiment à un froid ressenti, il a su préserver dans ses œuvres une touchante naïveté comme si son existence était un perpétuel miracle, comme s’il demeurait un éternel enfant . Et s’il peint ainsi — dans l’incapacité de créer en se soumettant aux conventions d’un courant artistique — c’est qu’il a puisé l’essentiel de son inspiration dans les événement les plus intimes de sa vie : son enfance à la campagne près de Vitebsk, en Biélorussie, et le grand amour qu’il porta durant plus de 30 ans à Bella Rosenfeld, son épouse. À ce titre, il est le seul à avoir osé « peindre » des histoires où des amoureux extasiés et tendrement enlacés flottent dans les airs, au milieu d’animaux de ferme tels une chèvre joueuse de violoncelle.
Un rêve d’échappées célestes qu’ont bien souvent ceux qui s’aiment…
Philippe Parrot
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Poème 72 : Céleste évasion
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Dans les moindres recoins,
Obscurs et glacials,
Suintants,
De ma carcérale mémoire,
— Forteresse imprenable
Construite sur un roc
Aux fissures béantes,
Ouvertes sur le néant
D’épaisses ténèbres —
Demeurent séquestrés
— Dans l’abyssale pénombre
D’oubliettes stériles,
Étroites et profondes
Comme des gouffres
Vertigineux —
Les pans entiers,
En vrac et disloqués,
De mon pesant passé…
Pourtant,
Dans ce cloaque,
Putride et délétère,
Brille,
Inatteignable,
La lumineuse aura
D’une étoile trop humaine !
* * * *
Au travers des fentes
De meurtrières,
Fêlures des désirs
De mon corps torturé,
Elle ne cesse de m’éblouir,
Pansant mes déchirures,
À déployer dans l’éther
Ses atours flamboyants.
Ils enrubannent les cieux
D’un cortège de soie
D’étoles aériennes
Tissées au firmament…
Avec obstination
— Ébloui par les paillettes
Mêlées à ses cheveux
Et les poussières d’or
Collées à son front —
Son regard irisé
De lumières et de feux
Aux brillances astrales,
Exalte ma passion,
Dévoré par la soif
Inextinguible d’Elle,
Attache de mes ardeurs
À sa prestance magique.
* * * *
Ivre de ses fragrances
Aux effluves entêtants,
L’attendre embrase les chairs
De mes membres rivés
Aux fers de l’oubli
D’une mortifère prison
Et dilate mes pupilles,
Ces puits à désespoir,
Jeteurs d’infâmes sorts !
Mais ses divines lèvres
— Pulpeuses évanescences
De nuages cotonneux
Que le vent m’apporta —
Ont déposé sur les miennes
Leurs célestes empreintes.
Si puissamment
Qu’après cet abandon,
À crier tout mon saoul
Son prénom vénéré,
Au sommet du donjon
Que j’avais pu rejoindre,
À la voir poindre à l’horizon,
J’ai sauté dans le vide
Pour attraper sa traîne,
Tendue gracieusement…
.
À jamais avec Elle, en partance pour les Nues !
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le mercredi 4 février 2015
et terminé le vendredi 6 février 2015
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