Une gare n’est rien d’autre qu’une immense « Salle des Pas Perdus » où des centaines de voyageurs transitent quotidiennement par obligation comme par plaisir. À cette occasion, chacun perçoit cet espace impersonnel comme une invisible frontière qui sépare deux territoires : celui où l’on n’est déjà plus là et celui vers lequel on se rend. No man’s land urbain, ce point de passage obligé d’un univers à l’autre cristallise donc, dans une même perception contradictoire, et la nostalgie du « d’où je viens », synonyme de passé, et l’enthousiasme du « où je vais », porteur d’avenir.
De ce fait, la gare est un lieu étrangement magique qui, ancré dans le monde, nous permet néanmoins de quitter la réalité : notre ici-et-maintenant, pour anticiper autre chose avant l’heure : notre ailleurs-et-demain… Et, mieux que quiconque, les amoureux le savent qui s’embrassent sur les quais, envahis par le trouble qu’occasionne un tel ressenti !
Philippe Parrot
Photo trouvée sur internet – Auteur non identifié
* * * *
Poème 46 : Quai de gare
.
Nous marchons, ce matin, enthousiastes sur le quai
Et tu ris, nos deux mains réunis, en ce lundi de mai.
Les voyageurs pressés, soudain époustouflés, jettent
Un regard en coin sur ta sculpturale beauté, en fête.
Elle dégage la radieuse aura des femmes épanouies,
Collées à leur homme choisi… Fier élu, je me réjouis
De te suivre pas à pas, habité par ma passion de toi.
Et mon âme grisée de vivre de tels moments de joie,
Saoule, s’enivre de tes mots et se noie dans tes yeux.
D’un noir profond dans lequel on s’égare : heureux !
Et je me surprends à croire, au milieu du brouhaha,
Que nous saurons construire ensemble, cahin-caha,
Une histoire, même si là chaque soir, je m’en étonne
Avec l’aube. Dans le haut-parleur, une voix résonne,
Annonce du départ… Agrippés à la barre de la porte
Du wagon tandis que monte in extremis une cohorte
D’étrangers, l’un contre l’autre, cette étreinte fugace
Enflamme nos chairs d’amant, en attente d’audaces.
Ah ! Quel bonheur de partir vers ces terres, au soleil,
Dont les plages enchanteront nos corps nus en éveil !
.
Poème écrit par Philippe Parrot,
Le samedi 12 juillet 2014
Vous aimez ce poème. Partagez l’article ! Vous contribuerez ainsi à la diffusion de mes mots.
Pour visualiser le poème en même temps qu’il est lu, cliquez simultanément sur le fichier pdf et sur la vidéo !
* * * *
* * * *
Pour accéder à la totalité de mes poèmes classés par ordre chronologique et thématique, veuillez cliquer sur l’une des bannières ci-dessous :
* * * *
Notification : Conformément au code de la propriété intellectuelle (loi n°57-298 du 11 mars 1957), il est interdit d’utiliser et/ou de reproduire et/ou de modifier et/ou de traduire et/ou de copier le texte ci-dessus, de façon intégrale ou partielle, sur quelques supports que ce soit : électronique, papier ou autre, sans l’autorisation expresse et préalable de l’auteur. Tout droit réservé.