Il avait eu pour mission, mandaté par le Maître-des-Cieux, d’aller observer, sans parti pris, le mode de vie des « Ceux-d’en-bas », des créatures tout à la fois raisonneuses et impulsives, organisées et imprévisibles, qui s’avéraient dans les faits aussi créatrices dans la gestion du Bien que dans l’exercice du Mal.
Il avait à peine posé pied à terre, ses encombrantes ailes repliées sur son dos, qu’il avait été aussitôt entouré par une foule d’adorateurs qui louaient sa beauté et sa bonté, sa sensibilité et sa candeur. C’était donc vrai qu’il y avait sur cette terre des êtres altruistes, désintéressés et pacifistes ! Mais, à l’instant où il allait leur adresser la parole, des bruits de bottes et des cliquetis d’armes se firent entendre. Les gens en panique s’éparpillèrent et, seul devant une horde de butors, il dut se rendre à l’évidence. Eux le haïssaient ! Ils se jetèrent sur lui, l’immobilisèrent violemment puis, au milieu de leurs odieux ricanements, lui arrachèrent les ailes avant de les brûler.
Privé de ce qui faisait de lui un être à part, céleste, porteur de visions novatrices, il ne gênait plus l’Ordre et ses sbires. Désormais semblable au commun des mortels, soumis et sans défense, il pouvait aller où bon lui semble, ange déchu sans pouvoir.
Fiers de leur méfait, ils l’abandonnèrent sur place, pauvre bougre condamné à errer, sans but et sans fin, dans ce monde-ci…
Philippe Parrot
Photo libre de droit trouvée sur Pixabay.com ( Auteur : Black-Talon )
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Poème 417 : L’Ange déchu
.
C’est un Ange déchu,
Perdu dans la nuit noire.
Sur son dos large et lacéré,
Il porte, à l’image d’un sac,
« La » faute des hommes,
Toujours à la guerre.
.
D’avoir, les Justes,
Cherché à les sauver
Sur la pointe des pieds,
Il fut dans leur mire,
Très tôt conspué,
Trop vite rejeté,
.
Par les Maîtres,
Habitués à la boue
Des rives du Styx !
Pour asseoir leur
Emprise, ils ont
Coupé ses ailes.
.
À devoir supporter
Leur cruauté sur Terre,
Cloué au sol, il fuit depuis
Les vices comme les haines
De ces butors aveugles qui
Pensent avec leur glaive.
.
Hanté par tant
De sang versé, brisé,
Il a pris, vite, en horreur
Ces corps démembrés,
Ces femmes violées,
Là, sous les étoiles.
.
Atterré qu’assoiffés
De pouvoirs, tiraillés
De désirs, grisés par
Maint honneur, leur
Cœur se soit fermé,
Leur raison rangée.
.
À ce point que lui-même
En arrive, parfois, à douter
De la magnificence de Dieu,
Trop égoïste et silencieux,
Insensible, de son trône,
Au sort des Humains…
.
À ne plus espérer
Retourner vers les
Cieux, las et amer,
Il s’est tu à jamais,
Ses sourires figés
Par cette barbarie.
.
Reste, preuves indélébiles,
De ces bêtes sanguinaires,
La marque des tortures
Qu’il subit et, gravé au
Couteau sur sa peau,
Son statut de banni !
.
Il erre désormais,
Seul, sur un chemin
De croix où les foules
Se haïssent quand elles
Ne s’entretuent pas. Le Mal
Absolu règne donc sur les êtres.
.
Les doigts dans les plaies des
Vaincus, il cautérise muscles,
Boyaux, viscères, au fond
D’alcôves où des putes
S’activent, à cheval
Sur des ventres.
.
De son index tremblant,
Il bat aussi à l’occasion
La mesure, pour une
Cantatrice chauve…
Enchaînée, elle ploie
Sous le joug de ce siècle.
.
Au beau milieu des monceaux
De cadavres, putrides et hideux,
Il s’enhardit pourtant à rêver
Qu’un jour « Il » viendra :
Extirper le Diable
De leur âme !
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 14 et le 17 janvier 2020
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